Famille
Suzanne Wesse (née Vasseur) naît en 1914 à Calais, dans le nord de la France. Elle grandit avec trois frères dans une famille bourgeoise. Sa mère est femme au foyer. Son père possède une entreprise de textile.
Suzanne Wesse est bonne élève et très douée pour les langues. Elle va à l’école en Angleterre, en Espagne et en Allemagne.
La vie à Berlin
Au début des années 1930, Suzanne Wesse travaille principalement comme traductrice à Berlin. C‘est là qu‘elle fait la connaissance de l‘ingénieur Richard Wesse qu’elle épouse en 1936. Leur fille Katharina naît en 1937. Richard Wesse est considéré comme « demi-juif » selon les lois racistes de Nuremberg.
Le frère de Suzanne, Armand Vasseur, séjourne parfois chez la famille Wesse à Berlin. Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Armand Vasseur rentre en France. Il y rejoindra le mouvement de résistance français de la France libre.
Vers la résistance
Après l‘invasion allemande de la Pologne, la France, alliée de la Pologne, déclare la guerre à l‘Allemagne. Bien que Française, Suzanne Wesse décide de rester à Berlin avec sa famille et ses amis.
Parmi ses amis proches, il y a le couple juif Sala et Martin Kochmann. Ce couple fait partie du groupe de résistance essentiellement juif et communiste autour d‘Herbert Baum, auquel Suzanne Wesse se joint également. Elle est l‘un des rares membres non juifs du groupe.
Actes de résistance
Suzanne Wesse participe à différentes actions du groupe de résistance autour de Herbert Baum.
Pendant cette période, elle travaille dans un bureau. Elle y crée des modèles d’impression pour la reproduction d‘affiches et de tracts. Ils sont ensuite imprimés dans la cave de l‘appartement d‘Herbert Baum et distribués. Elle utilise ses connaissances linguistiques pour nouer des contacts avec des prisonniers de guerre et avec des travailleurs et travailleuses forcés belges et français à Berlin. Elle échange avec eux des informations et des écrits illégaux.
Le 18 mai 1942, Suzanne Wesse participe à l’incendie volontaire contre l‘exposition de propagande nationale-socialiste « Le paradis des Soviets ». Cette exposition présente une image déformée de la vie en Union soviétique. Avec cet attentat, le groupe de résistance souhaite envoyer un signal contre la propagande raciste et anticommuniste des nazis. Les dégâts causés par l‘attentat sont minimes.
Persécution
Le groupe de résistance autour d‘Herbert Baum est rapidement découvert par les nazis. Dès le 22 mai 1942, des membres du groupe sont arrêtés. Sous prétexte de représailles contre cet attentat perpétré par des juifs, les nazis s‘en prennent à un grand nombre de Juifs de Berlin : 500 Juifs sont déportés au camp de concentration de Sachsenhausen en tant qu‘otages. 250 d‘entre eux y sont fusillés fin mai 1942, les autres sont assassinés au camp d‘extermination d‘Auschwitz-Birkenau.
Suzanne Wesse est arrêtée le 23 mai 1942 avec son mari Richard. En juillet 1942, elle est condamnée à mort et assassinée un mois plus tard à la prison de Plötzensee.
Richard Wesse est libéré après trois semaines de prison. Il survit à la guerre.
Mémoire
Un pavé de la mémoire (Stolperstein) a été posé devant l’ancienne maison de Suzanne Wesse dans le quartier de Charlottenburg à Berlin.
Ces dernières années, plusieurs publications ont été consacrées aux groupes entourant Herbert Baum, mais tous les membres n‘y sont pas évoqués sur un pied d‘égalité. Suzanne Wesse reste peu connue.
Les groupes autour d‘Herbert Baum
L‘arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933 marque le début des discriminations de certaines parties de la population allemande. Dès 1933, l‘antisémitisme est un élément central de l‘idéologie nationale-socialiste. Les Allemands d‘origine juive sont stigmatisés de manière ciblée et exclus de la vie sociale et économique.
Les Juives et les Juifs se défendent de diverses manières contre les discriminations et les persécutions dont ils sont victimes. Après 1933, un groupe de résistance se forme autour du communiste juif Herbert Baum et de sa femme Marianne. Ce groupe est en lien avec d‘autres groupes à Berlin. Beaucoup des membres de ces groupes sont des amis de longue date et sont d‘origine juive. Le couple Baum était actif avant 1933 dans des organisations de jeunesse juives et au sein du Parti communiste d’Allemagne (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD).
Les groupes de résistance envoient des lettres à des soldats, donnent des formations, aident des amis et amies à survivre dans la clandestinité et pratiquent le sabotage pendant leur heures de travail forcé. Après l‘invasion allemande de l‘Union soviétique en juin 1941, ils diffusent des tracts contre la guerre. Le 18 mai 1942, ils commettent un attentat contre l‘exposition de propagande anticommuniste « Le paradis des soviets » à Berlin.