Famille et enfance
Juliette Kaechelé naît en 1920 à Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch en allemand) en Alsace. L‘Alsace, temporairement allemande, fait à nouveau partie de la France depuis 1918/19, fin de la Première Guerre mondiale. Juliette Kaechelé grandit dans une famille pauvre qui travaille depuis de nombreuses générations dans l‘industrie textile locale.
Juliette Kaechelé est encore un bébé quand ses parents divorcent. Son père meurt en 1925. Sa mère se remarie. Juliette Kaechelé grandit principalement chez ses grands-parents. À la maison, on parle français et allemand.
École et jeunesse
Juliette Kaechelé va à l‘école primaire pendant sept ans. Elle a à peine 14 ans quand elle commence à travailler en 1934. Elle travaille dans une boucherie, pour un marchand de bétail et comme aidecuisinière. Son dernier emploi est dans un hôpital à Strasbourg.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, elle quitte Strasbourg pour retourner chez ses grands-parents à Sainte-Marie-aux-Mines.
Le travail forcé en Allemagne
Après la capitulation de la France en juin 1940, l‘Alsace est rattachée à l’Allemagne. Les nazis traitent la population française avec une grande brutalité. L‘utilisation de la langue française est interdite dans les lieux publics.
En novembre 1940, Juliette Kaechelé est envoyée faire du travail forcé en Allemagne. Elle travaille d‘abord dans une filature, puis dans une usine d‘articles métalliques à Esslingen, près de Stuttgart.
Actes de résistance
Juliette Kaechelé s‘oppose au nazisme et à l‘annexion de l‘Alsace par l‘Allemagne. Lors d‘un voyage en Alsace en octobre 1941, elle entre en contact avec la résistance communiste.
Juliette Kaechelé tente de mettre en place un mouvement de résistance en Allemagne. Il y a de nombreux travailleurs et travailleuses forcés alsaciens à Esslingen. Ils se réunissent lors de soirées entre camarades. Lors de ces soirées, Juliette Kaechelé critique le régime nazi et espère recruter des membres pour la résistance.
Elle rédige un discours dans lequel elle appelle à une Alsace libre et indépendante et se moque des nazis. Elle cherche en vain une station de radio qui diffuserait ce discours.
Persécution
Le 16 décembre 1941, Juliette Kaechelé est arrêtée. Elle a été dénoncée. La police trouve le cahier dans lequel elle a écrit son discours critiquant les Allemands. Juliette Kaechelé est incarcérée pendant dix mois dans plusieurs prisons.
Le 13 août 1942, le « Volksgerichtshof » (« tribunal du peuple ») condamne Juliette Kaechelé à mort. Son recours en grâce est rejeté. Juliette Kaechelé est assassinée le 2 octobre 1942 à la prison de Plötzensee à Berlin. Elle a 21 ans.
La résistance des travailleurs et travailleuses forcés
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des millions de civils et de prisonniers de guerre sont déportés en Allemagne par les nazis pour y être soumis au travail forcé. Ils doivent y travailler sous des conditions parfois inhumaines dans l‘agriculture ou l‘industrie.
Malgré les terribles conditions de vie, de nombreux travailleurs et travailleuses forcés font de la résistance de différentes manières. Ils forment des réseaux d’entraide, se procurent des aliments et des médicaments ou sabotent la production dans l‘industrie.
D’Alsace aussi des personnes sont envoyées en Allemagne pour y travailler sous la contrainte. Parmi elles, certaines étaient déjà engagées auparavant dans des groupes de résistance en Alsace où les usines, les mines et les chemins de fer sont les principaux lieux de résistance. Des dizaines de milliers d‘écrits pour une Alsace libre et indépendante sont diffusés, des actes de sabotage sont menés et de l’aide est apportée aux proches de victimes du nazisme.