Famille et jeunesse
Théodose Morel naît en 1915 à Lyon dans une famille catholique aisée. Sa famille est très engagée dans la vie culturelle et politique de la ville. Théodose a quatre frères et soeurs. Son père est un industriel de la soierie. Sa mère est issue d‘une famille de juristes et d’officiers de Savoie. La famille Morel est étroitement liée à cette région. Théodose Morel y passe ses vacances, il aime particulièrement faire du ski et de l‘escalade.
La jeunesse de Théodose Morel est marquée par l‘éducation catholique qu‘il reçoit dans une école de jésuites. Il est décrit comme quelqu‘un d‘ambitieux et de très social.
Formation militaire et famille
Après ses études secondaire, Théodose Morel s‘engage dans une carrière militaire. Il fréquente pendant deux ans l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. En 1937, il intègre en tant que souslieutenant le 27ème bataillon des chasseurs alpins, une unité d‘élite de l‘armée française basée à Annecy, en Haute-Savoie. Cette région lui est très familière depuis sa jeunesse.
En 1938, il se marie avec Marie-Germaine Lamy. Ils ont trois fils : Robert, Philippe et François.
Résistance en 1940
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l‘armée allemande attaque la France en mai 1940. En tant que commandant d‘une unité de chasseurs alpins, Théodose Morel combat les troupes italiennes, celles-ci étant des alliées de la Wehrmacht allemande.
L‘Allemagne nationale-socialiste et la France concluent un armistice le 22 juin 1940. La France conserve une petite armée avec peu d‘équipement militaire. Certains militaires refusent l‘armistice et l‘occupation allemande. Théodose Morel et son unité sont de ceux-là.
Sur ordre de son chef de bataillon Jean Valette d‘Osia, Théodose Morel participe en juillet 1940 à la dissimulation en Haute-Savoie d‘armes et de matériels provenant des stocks de l‘armée française. Ces armes doivent servir à de futures actions de résistance contre l‘occupant allemand et le régime de Vichy.
Résistance et mort dans le maquis
Avec l‘occupation de la zone sud de la France par la Wehrmacht allemande fin 1942, l‘armée française est dissoute. Théodose Morel entre dans la clandestinité. À partir de 1943, sous le pseudonyme de Tom Morel, il contribue de manière décisive à la mise en place de l‘Armée secrète et du maquis dans la région de la Haute-Savoie.
Il réunit des groupes de résistants sur le plateau des Glières pour la lutte armée contre différents adversaires, à savoir la Wehrmacht allemande, la Milice française et les Groupes mobiles de réserve (GMR), des unités de police spéciales de Vichy. Début 1944, il est nommé commandant de ce maquis.
Les combattants, souvent très jeunes et inexpérimentés sur le plan militaire, sont formés au combat par Tom Morel et ses sous-officiers. Ils attendent les livraisons d‘armes de l‘armée britannique et préparent le terrain montagneux et boisé à cet effet. Début mars 1944, des combats ont lieu entre les unités de Tom Morel et les GMR.
C‘est au cours de l’une de ces opérations que Tom Morel est tué à Entremont le 9 mars 1944.
Mémoire
En novembre 1944, lors d‘une cérémonie officielle sur le plateau des Glières, Charles de Gaulle décerne à Tom Morel la distinction de Compagnon de la Libération à titre posthume. Sur le plateau, un monument et un musée rendent hommage aux combattants du maquis. Chaque année, des commémorations et des randonnées du souvenir sont organisées.
Le nom de Tom Morel a été donné à une place du quartier lyonnais de la Croix-Rousse ainsi qu‘à un lycée professionnel et à une caserne à Annecy.
Armée secrète et maquis
L‘Armée secrète est une branche de la résistance armée au sein de la Résistance intérieure. Elle regroupe à partir de septembre 1942 les branches armées des groupes de résistance Combat, Libération-Sud et Francs-tireurs et partisans. Il s‘agit des principaux mouvements de résistance dans le sud de la France. D‘anciens membres de l‘armée française intègrent également l‘Armée secrète.
Des résistants issus de l‘Armée secrète rejoignent le maquis.
Le terme de maquis désigne des groupes de résistants actifs principalement dans des zones rurales et montagneuses difficiles d‘accès. Les maquisards sont issus de différents pays et groupes : des anciens militaires, des jeunes hommes se cachant pour échapper au Service du Travail Obligatoire, des combattants communistes des Francs-tireurs et partisans français ainsi que des combattants républicains de la guerre civile espagnole. Tous veulent
libérer la France de l‘occupation allemande et du régime de Vichy. Or, pour cela, ils dépendent de la livraison d‘armes et d‘équipements par la Grande-Bretagne.
Un maquis important se forme fin 1943 sur le plateau des Glières en Haute-Savoie. Il est mis sur pied et dirigé jusqu‘à sa mort début mars 1944 par Tom Morel. Le 26 mars 1944, les troupes allemandes et les unités de la Milice française et des Groupes mobiles de réserve prennent d‘assaut le plateau. Au cours de combats qui durent plusieurs jours, 129 résistants sont tués, d‘autres arrêtés. Mais ceux qui en réchappent parviennent à se réorganiser et à participer plus tard à la libération de la France.